Retour sur l’atelier animé par HORIZON PARRAINAGE aux 10è assises nationales de la Protection de l’Enfance
Le Parrainage de proximité est une solidarité portée par des parrains et marraines issus de la société civile. Il est organisé par les associations qui favorisent leur mise en relation avec des enfants en difficulté dans leur milieu habituel de vie.Une charte nationale publiée en 2005 par les Ministères de la Justice et de la Famille, apporte à notre mouvement de solidarité des principes fondamentaux, en lui donnant un cadre de référence.
L’objectif essentiel du Parrainage de Proximité est de créer un lien choisi, étayant et durable entre un enfant et un adulte, qui se construit sur un principe de confiance et de don réciproque. Pour l’enfant, c’est une extraordinaire opportunité d’investir un autre lien d’attachement, d’évoluer dans un espace qui lui est dédié, un lieu possible de lâcher prise et de résilience pour lui. Pour les parraines/marraines, c’est se sentir utile en choisissant de donner de leur temps pour porter attention à un enfant et participer au soutien d’une famille en délicatesse. C’est pour eux une façon de concrétiser leur place et leur engagement en tant que citoyens. Ils s’engagent à accueillir cet enfant régulièrement, lui faire découvrir un autre espace de vie, de culture, de milieu social, à valoriser ce qu’il sait faire et l’ouvrir à des apprentissages.
Horizon Parrainage facilite la rencontre entre un parrain qui a franchi toutes les étapes de sélection de l’association, et un enfant orienté par sa famille ou les services de Protection de l’Enfance. Consciente de ses responsabilités, l’Association délègue à des bénévoles de compétence le soin d’accompagner chaque parrainage mis en place. Psychologues et travailleurs sociaux bénévoles de l’association, se montrent plus particulièrement vigilants au début d’une mise en relation. Ils veillent à ce que l’enfant s’empare de l’aventure qui lui est offerte sans culpabilité vis à vis de sa famille. Ils veillent également à ce que les parents (en majorité des mamans solos) et parrain/marraine s’accordent sur le rôle de chacun sans risque d’atteinte aux droits parentaux.
Des cafés rencontre sont organisés chaque trimestre entre familles, parrains et bénévoles de l’association, autour d’une thématique choisie par les groupes de paroles. Un goûter partagé avec les enfants est l’occasion d’échanges informels entre tous. Au fil des rencontres, enfant et parrain/marraine aménagent un territoire nourri de leur temps partagé. Un espace suffisamment tranquille et confiant pour que l’enfant puisse progressivement lâcher les amarres de son histoire et appréhender un autre contexte familial sans trahir le sien.
Le conflit de loyauté existera moins pour l’enfant, si parents et parrains s’accordent et respectent leur place, condition essentielle d’un parrainage réussi. Lorsque l’enfant vit dans sa famille, le parrain s’accorde avec elle des possibilités d’accueil de l’enfant. Il est à souligner que la famille s’enrichit du parrainage en produisant des effets de soutien à la parentalité et de co éducation, notamment pour les mères qui élèvent seules leurs enfants (80% de nos effectifs). Le parrain ou la marraine représente pour elles une personne de confiance. Il est donc clair que la réussite d’un parrainage dépend en grande partie de la qualité de leur relation. Weekends et vacances ponctuent l’année à un rythme choisit conjointement entre famille et parrain.
Si l’enfant est placé, l’ASE est prévenue quelques jours à l’avance des weekends partagés, dès lors que le parrainage est inscrit dans le projet pour l’enfant. Il est important que l’espace du parrainage reste en marge des logiques et enjeux institutionnels. A cet égard, il est parfois préférable que l’interlocuteur chargé des relations avec l’ASE soit le référent du parrainage concerné. Les parrains ne participent donc pas aux réunions de synthèse, ni aux audiences judiciaires. S’ils lui communiquent des éléments d’inquiétude, l’Association les accompagne pour évaluer la situation et envisager la suite à donner.
La signature de la convention de parrainage s’effectue dans les locaux de l’Association et à son initiative. Elle réunit famille/parrains/référent de l’association, et invite le travailleur social de l’ASE en charge du suivi de la famille. C’est l’occasion d’un échange d’informations complémentaire, du rappel du rôle et de la place de chacun, et des modalités d’accompagnement du parrainage. Une large place est donnée à l’enfant qui assiste aux échanges ou y participe activement en fonction de son âge. Le travailleur social de l’ASE n’est pas signataire de cette convention qui acte la mise en relation entre la famille, le parrain et l’association.
Vous l’aurez compris, les parrains/marraines sont des tiers bénévoles qui ne sont ni famille d’accueil, ni tiers digne de confiance, ni candidats à l’adoption. Ils tiennent particulièrement à cette place qui les engage durablement, mais pas en permanence. Depuis 2009 une collaboration de notre Association avec la Protection de l’Enfance du Rhône a produit un référentiel pour que bénévoles et professionnels s’harmonisent dans un même cadre de référence.
Après la scission en 2015 entre Métropole du Grand Lyon et Rhône, nous continuons notre travail de réflexion avec la Métropole et faisons évoluer notre référentiel commun. Tout a été pensé pour que nulle pression institutionnelle ne vienne freiner l’investissement des parrains bénévoles pour lesquels l’interlocuteur principal reste l’Association.
Car il est essentiel d’envisager le Parrainage de Proximité comme un espace de liberté laissé à l’enfant, sa famille et le parrain. L’association reste en veille, mais n’est en rien intrusive. Elle est née dans l’esprit de laisser vivre cette aventure humaine qui a parfois existé avant l’intervention de l’ASE, et se poursuivra au delà de sa prise en charge. L’Association assume une responsabilité consciente et partagée, en mesurant la part de risque et d’incertitude liée à la vulnérabilité des liens.
Je terminerais par la très belle définition que nous a donnée un jeune de 13 ans, quand nous lui posions la question de ce que représentait, pour lui, son parrainage. Il a tout simplement dit : « maintenant je sais qu’il y a quelqu’un qui m’attend quelque part». Tout est dit en quelques mots…
Mireille OGIER
Paris 4 juillet 2017